Projet de loi C-474

Décidément, les OGM (organismes génétiquement modifiés) n’arrêtent pas de faire parler d’eux ! Depuis des années, le gouvernement fédéral refuse l’étiquetage obligatoire des OGM (alors qu’une quarantaine de pays l’ont fait), refuse de ratifier le protocole de biosécurité, refuse une approche de précaution concernant la dissémination des OGM dans l’environnement.

Malgré cela, un autre projet de loi sur les OGM sera voté à la Chambre des communes le 14 avril prochain. Il s’agit d’un projet de loi privé (C-474) proposé cette fois-ci par Alex Atamanenko, le porte-parole du NPD en matière d’agriculture et député fédéral de Colombie-Britannique. Comme le gouvernement de Stephen Harper est minoritaire, ce projet de loi a de bonnes chances d’être adopté.

Projet de loi C-474 ?

Le projet de loi C-474 permettrait qu’« avant de permettre la vente de toute nouvelle semence transgénique, que soit menée une analyse du risque potentiel pour les marchés d’exportation. » En effet, il n’existe aucune analyse d’impacts sur les marchés résultants l’introduction d’une nouvelle culture OGM. L’autorisation dumaïs SmartStax de Monsanto en est une illustration éloquente. Comme l’agriculture canadienne est fortement dépendante des marchés d’exportation, il semblerait logique de connaître les impacts sur les exportations avant l’autorisation des nouveaux OGM. Par exemple, rappelons que 70 % du blé canadien est exporté et que les marchés extérieurs, notamment européens, mais aussi du Moyen-Orient refusent résolument le blé OGM.

Les agriculteurs nord-américains ont déjà perdu les marchés européens du maïs et du soya parce que les gouvernements américain et canadien ont voulu faire plaisir à Monsanto plutôt que savoir ce que les consommateurs voulaient vraiment ! La commercialisation des OGM est une menace pour les agriculteurs et notamment ceux qui dépendent des exportations. S’il était adopté, ce projet de loi C-474 serait une première étape pour protéger les agriculteurs de perte de marchés causée par les OGM et par... Monsanto qui met sur le marché 90 % des OGM dans le monde.

Lobby OGM en campagne

Malgré le fait que le projet de loi C-474 soit très modeste dans son objectif (ici, on ne parle pas d’étiquetage des OGM, ni d’interdiction, ni de moratoire, etc.), le lobby pro-OGM à Ottawa s’est déchaîné contre ce projet de loi qui est perçu comme une entrave au droit de Monsanto de mettre sur le marché n’importe quel produit presque sans aucune étude d’impact qui soit vraiment sérieuse et publique.

Bref, les députés fédéraux font face à une véritable campagne de désinformation de la part des pollueurs des OGM. Rien de très nouveau dans ce type de pratique de manipulation de la part d’entreprises comme Monsanto.

Comme le gouvernement conservateur de Stephen Harper est minoritaire, le lobby des OGM craint que les députés d’opposition votent en faveur du projet de loi C-474 et réussissent à le faire adopter contre l’avis du gouvernement. En particulier, le lobby des OGM a ciblé certains des députés libéraux de Michael Ignatieff. Espérons que les députés libéraux ne voteront pas au moins contre des études de marché avant l’autorisation des OGM !

Le Réseau canadien d’action sur les biotechnologies (RCAB) mène une très belle campagne pour sensibiliser les citoyens et les députés. Vous aussi, vous pouvez ajouter votre voix pour appuyer le projet de loi C-474.

Agir :

• Contactez avant le 14 avril prochain, votre député fédéral pour vous assurer qu’il ou elle vote en faveur du projet de loi C-474.
• Pour plus de détails sur le projet de loi C-474

Liens vers les autres chroniques sur les OGM
• Attention, maïs OGM toxiques !
• Les OGM... vraiment dangereux ?

Source : Éric Darier, Ph.D., Directeur de Greenpeace au Québec en sabbatique, msn environnement, 8 avril 2010