Questions à Philippe Martin Député (PS) et président du conseil général du Gers

Vous venez de saisir la Cour de justice de l’Union européenne pour annuler la décision autorisant la mise sur le marché de six nouvelles variétés d’OGM sur le territoire européen…

Ce qui m’a interpellé, c’est une décision prise dans le silence absolu de l’été. Le 28 juillet, John Dalli, commissaire européen en charge de la Santé et de la Protection des consommateurs, a autorisé pour dix ans l’importation et la mise sur le marché de plusieurs produits contenant du maïs génétiquement modifié. Ces produits sont a priori destinés à l’alimentation animale, mais, d’après moi, cette décision antidémocratique justifie un recours en annulation.

Pourquoi ?

Si ces produits OGM entrent sur le territoire européen, entre le transport, les silos et la dispersion, ils vont forcément contaminer d’autres denrées. En Europe, un règlement autorise la commercialisation des produits qui contiennent moins de 0,9 % d’OGM. Pour nous, même avec ce taux qui semble faible, il y a des OGM et il faut refuser toute contamination.

Est-ce que la France est concernée par ces produits ?

Non, car un moratoire est en vigueur, mais la Commission Barroso mise sur un assouplissement de la législation en France. Quand cela se produira, tout sera en place pour que ces importations soient facilitées.

Ne jouez-vous pas à d’Artagnan contre Barroso ?

Evidemment, mon action est symbolique, mais le combat que je mène ne se situe pas uniquement au niveau scientifique, il est aussi juridique et démocratique. Sur ces questions-là, il est urgent de réveiller l’opinion publique.

Source : Laure Noualhat, Libération, 27 août 2010