L’organisation belge de défense des consommateurs Test-Achats a détecté des traces d’organismes génétiquement modifiés (OGM) dans 22 des 113 produits alimentaires qu’elle a testés récemment, dans le cadre d’une vaste enquête sur la qualité de l’alimentation. Certains de ces produits étaient pourtant porteurs du label bio. En 2003, une enquête semblable n’avait détecté aucun OGM.

Test-Achats indique que 12 produits testés, contenant du maïs et du soja, présentaient des traces d’OGM, mais inférieures à la limite européenne autorisée, soit 0,9 %, pouvant résulter d’une contamination "accidentelle". Si elle n’atteint pas ce seuil, la présence d’OGM n’a pas à être mentionnée, sauf volonté particulière.

Sept autres produits contenaient des traces d’OGM non autorisés par l’Union européenne. Leur quantité, minime, ne pose pas de problème, mais leur nature oui, puisqu’ils ne sont pas en conformité avec la réglementation communautaire, souligne l’organisation.

Autres découvertes de Test-Achats : deux produits bio porteurs d’OGM autorisés et un produit non bio contenant plus de 0,9 %, non mentionnés sur l’étiquette. Plus généralement, insiste l’organisation, des produits présentés comme "sans OGM" n’offrent en réalité aucune garantie fondamentale quant à une contamination involontaire.

Partisan d’une ligne "dure", Test-Achats déplore les changements intervenus au 1er janvier 2009 dans la législation européenne. Celle-ci prévoit qu’une présence "imprévisible ou techniquement inévitable" d’OGM dans l’alimentation bio ne doit plus figurer sur l’étiquette dès l’instant où le seuil de 0,9 % n’est pas atteint. Et cela, souligne Test-Achats, alors que les cahiers des charges européens pour ce secteur agricole interdisent toute présence d’OGM.

Au passage, l’organisation souligne qu’elle a relevé des résidus de pesticides dans 4 des 17 bouteilles de vin "bio" qu’elle a analysées. Ce qui pose, selon Test-Achats, la question du fonctionnement des organismes de certification.

"INTRANSIGEANCE"

Au total, estiment les auteurs de l’enquête, les "produits OGM ne resteront plus longtemps une rareté" sur le marché belge, alors que la Wallonie a adopté une législation très sévère. En juin 2008, cette région a prôné une agriculture "de qualité, biologique et traditionnelle", quelles que soient les règles nationales ou européennes, le gouvernement régional s’en prenant à "l’ultra-libéralisme" de la Commission de Bruxelles et à son "intransigeance" face aux pays qui se déclarent adversaires des OGM.

L’arsenal répressif dont s’est dotée la Wallonie prévoit de lourdes amendes, la possibilité d’arrachage et la création de zones sans OGM, pour éviter toute dissémination. Ainsi qu’un fonds de compensation financé exclusivement par les candidats à la production d’OGM couvrant les pertes liées au mélange accidentel de cultures.

Source : Le Monde, le 19 février 2009, Jean-Pierre Stroobants