Les transgéniculteurs découvrent leurs obligations

La culture de PGM en Australie réserve des surprises - qui ne devraient pas en être - pour les agriculteurs australiens ayant signé un contrat avec une entreprise de biotechnologie pour pouvoir cultiver du canola [1] GM : leurs obligations.

Ainsi, selon le journal Canberra Times, toutes les obligations auxquelles sont soumis les signataires du contrat sont transmissibles, c’est à dire qu’en cas de vente des terres où les cultures ont eu lieu, le nouveau propriétaire est soumis aux mêmes obligations contractuelles. Une situation aujourd’hui ressentie comme une forte restriction à la possibilité de vendre ses terres. Par ailleurs, le contrat signé avec Monsanto stipule que l’entreprise se réserve le droit d’engager toutes actions judiciaires contre les agriculteurs ayant du canola GM sur leurs terres sans contrat, y compris dans le cas de contamination (comme pour le cas de Percy Schmeiser au Canada). Enfin, en signant le contrat, l’agriculteur autorise Monsanto à venir inspecter, prélever des échantillons et analyser tout ce qui se trouve sur les terres de l’agriculteur, y compris dans ses lieux de stockage. Pour Duncan Currie, juriste, une des mesures réellement lourde financièrement pour les agriculteurs est « le remboursement des frais d’avocat de l’entreprise engagés pour faire respecter les droits de cette dernière et lors des enquêtes effectuées ».

Une carte des cultures de canola GM

Sur la base d’informations récoltées dans la presse, l’association Gene Ethics a publié une carte des cultures de canola GM tolérant le Roundup et des entrepôts de canola GM dans l’état deNouvelle Galles du Sud. Cette carte a pour objectif de « protéger les producteurs de semences non GM, les apiculteurs et les cultivateurs des contaminations » explique Bob Phelps, Directeur de Gene Ethics [4]. Si seulement un agriculteur sur mille cultive du canola GM cette année, « il pose un risque inacceptable de contamination pour les autres agriculteurs, les industries rurales, les gouvernements locaux et les commerçants » toujours selon Bob Phelps, qui ajoute que « Monsanto a délibérément augmenté les surfaces de cultures transgéniques et le nombre de transgéniculteurs pour obliger les autres à acheter ses semences brevetées l’année prochaine ». Pour lui, « la contamination par le canola GM est inévitable au cours des cultures du fait du vent, au cours des récoltes et du transport de ces dernières ». Actuellement, ni le gouvernement fédéral australien, ni les gouvernements locaux ne publient d’informations officielles sur les localisations des cultures transgéniques.

Des zones tampons trop petites

Dans l’état d’Australie de l’Ouest, la taille des zones tampons conseillées par les entreprises est de cinq mètres autour des cultures de canola GM. Pour Julie Newman, porte-parole du Network of Concerned Farmers, les agriculteurs de cet état ne pourraient garantir que leurs productions soient 100% non GM si les autorités autorisent les entreprises souhaitant effectuer des essais en champs decanola GM en 2009 à établir elles-mêmes leurs règles de culture. Pour elle, ces cinq mètres peuvent être très facilement dépassés par le vent, les ruissellements d’eau, les animaux ou encore les machines agricoles transportant les semences. Face à ce risque à venir, une manifestation d’agriculteurs a été organisée pour sensibiliser le nouveau gouvernement australien sur la situation de conflit potentiel entre agriculteurs et transgéniculteurs.

Une région refuse des moratoires locaux

Face aux risques posés par les cultures transgéniques, certains comtés de la région de Victoria avaient fait le choix de se déclarer « zones sans OGM ». Ainsi en allait-il des comtés de Greater Bendigo, Yarra Ranges, South Gippsland, Moreland, East Gippsland et Bass Coast qui voulaient anticiper la probable levée du moratoire d’état l’année prochaine (cf. Inf’OGM Actu n°8, avril 2008, AUSTRALIE - Les moratoires des Etats fédérés remis en question). Mais le gouvernement de cet Etat ne reconnaît pas la légalité de ces moratoires locaux. Selon un porte-parole du gouvernement, la liberté de choix des agriculteurs est prépondérante. Pour ces comtés, comme l’explique Samantha Dunn, conseillère au comté de Yarra Ranges, il s’agissait « de répondre aux demandes de la société. Nous avons un large secteur agricole et nous considérons les pratiques agricoles bio comme une image commerciale de notre comté »[1]. Cette notion d’image commerciale avait d’ailleurs déjà été soulignée dans un rapport qui concluait à des pertes du secteur du tourisme dans le cas de commercialisation de pommes de terre transgéniques (cf. Inf’OGM Actu n°13, octobre 2008 NOUVELLE-ZELANDE – Plus de 90 millions d’euros de pertes potentielles à cause d’une PGM).

Source : Bulletin >Inf’OGM ACTU n°15, décembre 2008





[1le canola est un colza à faible teneur en acide érucique : ce nom vient de la contraction de Canadian oil low acid