Le gouvernement irlandais a cultivé accidentellement un mais OGM alors que la politique de l’île d’Emeraude est d’interdire les essais et globalement les OGM sur son territoire.

Le mais illégal concerné est un maïs OGM de la compagnie Monsanto, le NK 603. Cette variété n’est pas autorisée à la culture au sein de l’Union Européenne, elle est seulement autorisée à l’importation pour l’alimentation humaine et animale.

Le 3 juin 2010, des tests de routine du ministère de l’agriculture, de la pêche et de l’alimentation (DIFAA) ont révélé que 3 plants de maïs sur 1000 étaient contaminés par le maïs OGM de Monsanto. C’est seulement le 22 juillet que l’agence de protection de l’environnement (EPA) a annoncé via un communiqué de presse [1] cette contamination de quatre champs d’essais. Les semences testées devaient normalement être des semences de la société Pionner Hi Bred.
Trois mois auparavant, ces mêmes semences de mais NK603 avaient contaminés des champs dans plusieurs états allemands [2] .

L’agence de protection de l’environnement a indiqué que Pionner Hi Bred avait fourni un « certificat d’analyse » disant que les semences de maïs étaient sans OGM. Cependant, les tests effectués de manière aléatoire par le ministère de l’agriculture ont révélé que 3 plants sur 1000 étaient contaminés par la variété illégale de mais NK603, soit environ 300 pieds à l’hectare.

Pour Michael O’Callaghan, porte parole de GM Free Ireland, « La société Pionner a fourni de faux certificats d’absence d’OGM pour ses semences au moins à deux reprises […] notamment en mars 2010 quand Pionner et d’autres compagnies biotechnologiques ont vendu 23 variétés de semences de maïs contaminées par le maïs NK603 de Monsanto, illégal [à la culture en Europe] à des agriculteurs, ceux-ci l’ont cultivé sur plus de 3000 hectares dans 7 länder allemands. Les agriculteurs ont du détruire leurs cultures. Selon la fondation allemande Future Farming Foundation on Future Farming : [3] , les firmes semencières refusent d’accepter le principe de responsabilité et n’ont pas dédommagé les agriculteurs dont les pertes économiques s’élèvent à plusieurs centaines de millions d’euros. »[…] « Le ministère de l’agriculture le savait et aurait dû, par conséquent, exercé la diligence requise en testant les semences de maïs Pionner avant le début des essais en plein champs » [4]

Le ministère de l’agriculture a déclaré avoir détruit les champs de maïs contaminés avant floraison et donc avant les risques de contamination par pollinisation des champs alentours.

C’est la première fois que des plantes génétiquement modifiés sont cultivées sur le territoire irlandais depuis les fauchages des essais en plein champs de betterave OGM de Monsanto en 1998. Pour Michael O’ Callaghan, cela symbolise l’échec du gouvernement [irlandais] de mettre en place une politique « sans OGM » qu’il avait pourtant une première fois promis il y a 3 ans en 2007 et à nouveau en 2009. »

Par conséquent, Michael O’Callaghan appelle le gouvernement irlandais à répondre à différentes questions afin de garantir le droits des producteurs et des consommateurs de produire et de consommer sans OGM [4].

GM Free Ireland interroge le gouvernement afin de savoir si ces semences de maïs illégales ont été vendues et plantées par des agriculteurs irlandais. Si oui, combien d’hectares de maïs devraient être détruits.

L’organisation se pose également les questions suivantes :

- Le gouvernement va-t-il tester tous les stocks de semences et les récoltes de maïs pour détecter les risques de contamination génétiques ?

- Qui va payer les coûts liés aux tests, à la destruction de récoltes, et aux pertes économiques concomitantes ? Le gouvernement va-t-il appliquer le principe du pollueur payeur et demander des réparations à Pionner Hi Bred, ou est ce que ce sont les contribuables et les agriculteurs qui devront supporter ces coûts ?

- Est-ce un cas isolé ? Le gouvernement va-t-il désormais s’engager à tester toutes les cargaisons de semences importés pour la contamination génétique, ou va-t-il continuer selon le dogme « Business as usual » en effectuant des tests aléatoires ?

Malgré le contexte géographique de l’Irlande, une île, et le contexte politique avec un gouvernement plutôt attaché à respecter la volonté générale des citoyens au sujet des OGM, la contamination a eu lieu. Ce nouveau cas de contamination « accidentelle » nous renvoie une nouvelle fois face à l’évidence de l’impossible cohabitation des cultures OGM et non OGM. 

Source : Combat Monsanto, 26 juillet 2010.





[1Unauthorised release of GM event NK603 in conventional maize seed, EPA press release, 22 June
2010 : http://www.epa.ie/news/pr/2010/name,30182,en.html

[3Voir le site de Future Farming http://www.gmo-free-regions.org/foundation.html

[4Voir le communiqué de presse de l’association GM Free Ireland (Irlande sans OGM) http://www.gmfreeireland.org/press/GMFI50.pdf.