Madère [1] est depuis début mai 2010 la première région européenne à « obtenir » l’autorisation officielle de la Commission européenne de se déclarer « zone sans OGM ». Il ne s’agit pas comme pour la France, ou l’Autriche de la mise en place d’une clause de sauvegarde sur un OGM particulier, mais bel et bien d’une interdiction totale et sans limite temporelle des cultures commerciales sur le territoire de cette province autonome du Portugal.

La Commission s’est contentée de ne pas s’opposer à la décision de Madère dans les délais administratifs impartis... Le Portugal avait argumenté, pour soutenir sa province « africaine » (Madère est située à 500 kilomètres des côtes marocaines) que les OGM pouvaient potentiellement menacer la biodiversité de l’île et notamment sa forêt laurifière subtropicale classée patrimoine mondial par l’Unesco [2].

Rappelons également que l’Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA) avait, début 2010, établi que l’argumentation portugaise n’était pas fondée scientifiquement. La Commission n’a pas suivi l’avis de l’AESA et a laissé la décision de Madère devenir légale sans intervenir...

Ce changement de politique est notoire et il y a fort à parier que le cas de Madère soit la première concrétisation de la proposition de la Commission européenne de mettre en place une subsidiarité des autorisations à la culture des plantes transgéniques. Inf’OGM va proposer une analyse détaillée de cette proposition à double tranchant, car si elle augmente la liberté des Etats membres sur les cultures de PGM, elle risque aussi de faciliter les importations d’OGM dans l’UE, notamment en permettant la fameuse synchronisation des autorisations entre l’Europe et le reste du monde dont la Commission rêve depuis le conflit à l’OMC...


Source :
 Christophe Noisette, Inf’OGM, mai 2010