Un nombre croissant de citoyens de différentes régions du monde voient aujourd’hui l’entreprise américaine Monsanto comme le symbole d’une agriculture industrielle et chimique qui pollue, accélère la perte de biodiversité et contribue de manière massive au réchauffement climatique.

Depuis le début du XXème siècle, cette multinationale a commercialisé des produits hautement toxiques qui ont durablement contaminé l’environnement et rendu malades ou causé la mort de milliers de personnes dans le monde :

  • les PCB qui font partie des douze Polluants organiques persistants (POP) et affectent la fertilité humaine et animale ;
  • le 2,4,5 T, l’un des composants de l’agent orange contenant de la dioxine qui fut déversé par l’armée américaine pendant la guerre du Vietnam et continue de provoquer malformations congénitales et cancers ;
  • le lasso, un herbicide aujourd’hui interdit en Europe ;
  • ou le roundup, l’herbicide le plus utilisé au monde, qui est à l’origine de l’un des plus grands scandales sanitaires et environnementaux de l’histoire moderne. Ce désherbant très toxique est associé aux monocultures transgéniques, principalement de soja, maïs et colza, destinées à l’alimentation animale ou à la production d’agro-carburants.

Le modèle agro-industriel promu par Monsanto est à l’origine d’au moins un tiers des émissions de gaz à effet de serre mondiales dues à l’activité humaine ; il est aussi largement responsable de l’épuisement des sols et des ressources en eau, de l’extinction de la biodiversité et de la marginalisation de millions de petits paysans. Il menace aussi la souveraineté alimentaire des peuples par le jeu des brevets sur les semences et de la privatisation du vivant.

Selon les critiques de Monsanto, la multinationale a pu ignorer les dommages humains et écologiques causés par ses produits et maintenir ses activités dévastatrices grâce à une stratégie d’occultation systématique : lobbying auprès des agences de réglementation et des autorités gouvernementales, mensonges et corruption, financement d’études scientifiques frauduleuses, pression sur les scientifiques indépendants, manipulation des organes de presse, etc. L’histoire de Monsanto constituerait ainsi un paradigme de l’impunité des entreprises transnationales et de leurs dirigeants qui contribuent au dérèglement du climat et de la biosphère et menacent la sûreté de la planète.

Organisé à La Haye, du 14 au 16 octobre 2016, le Tribunal sur Monsanto aura pour mission d’évaluer les faits qui lui sont reprochés et de juger les dommages causés par la multinationale. Le Tribunal prendra appui sur les Principes directeurs relatifs aux entreprises et droits de l’homme adoptés au sein de l’ONU en 2011. Le Tribunal évaluera également les actions de Monsanto au regard du crime d’écocide, dont l’inclusion a été proposée dans le droit international pénal. Il examinera l’opportunité de réformer le Statut de Rome créant la Cour pénale internationale en vigueur depuis 2002 afin d’y inclure le crime d’écocide et de permettre la poursuite des personnes physiques et morales soupçonnées d’avoir commis ce crime.

Conscients des enjeux planétaires que représente la reconnaissance du crime d’écocide, qui seul permettra de garantir le droit des humains à un environnement sain mais aussi celui de la nature à être protégée, les initiateurs du Tribunal contre Monsanto lancent un appel à la société civile, à tous les citoyens et citoyennes du monde, pour qu’ils participent au financement de cette opération exemplaire, à travers une vaste plateforme de crowdfunding international.

La défense de la sûreté de la planète et des conditions mêmes de la vie est l’affaire de tous et seul un sursaut collectif des forces vives permettra de stopper la machine de destruction en marche !

Membres

Le comité d’organisation du Tribunal comprend :

  • Vandana Shiva a créé en 1991 le mouvement Navdanya pour protéger la diversité et l’intégrité des ressources vivantes, notamment les semences locales, et promouvoir l’agriculture biologique et le commerce équitable. Elle a également initié Diverse Women for Diversity, mouvement de femmes du monde entier travaillant dans les domaines de l’alimentation, de l’agriculture, des brevets et des biotechnologies. Elle est identifiée en 2003 comme héroïne de l’environnement par Time Magazine et comme l’une des 7 femmes les plus puissantes en 2010 par Forbes Magazine.
  • Corinne Lepage est avocate depuis 1975, spécialiste des questions environnementales. Ancienne ministre de l’Environnement, elle a été députée au Parlement européen de 2009 à 2014. Elle est présidente d’honneur du Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique (CRIIGEN) après en avoir été présidente fondatrice de l’association d’étude des effets produits par les techniques génétiques sur le vivant.
  • Marie-Monique Robin est journaliste, réalisatrice et écrivaine. Elle a réalisé de nombreux documentaires tournés en Amérique latine, Afrique, Europe et Asie et couronnés par une trentaine de prix internationaux. Elle est l’auteure du best-seller Le monde selon Monsanto : le film a été diffusé sur une cinquantaine de chaînes internationales et le livre a été traduit en 22 langues, y compris aux États Unis. Elle est la marraine du Tribunal Monsanto.
  • Olivier De Schutter, professeur à l’Université de Louvain et ancien Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation de 2008 à 2014, est à présent membre du Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations Unies. Il co-préside IPES-Food, le panel indépendant d’experts sur les systèmes alimentaires durables.
  • Gilles-Éric Séralini est professeur de biologie moléculaire depuis 1991, chercheur à l’Institut de biologie fondamentale et appliquée (IBFA) de l’université de Caen et codirecteur du pôle Risque Qualité et Environnement Durable de la Maison de la Recherche en Sciences Humaines (pôle associé au CNRS). Il s’est fait notamment connaître du grand public pour ses études sur les OGM et les pesticides et, en particulier, une étude toxicologique publiée en septembre 2012, portée par le CRIIGEN, mettant en doute l’innocuité du maïs génétiquement modifié NK 603 et du Roundup sur la santé de rats.
  • Hans Rudolf Herren est président et fondateur de Biovision, et PDG du Millennium Institute. Il a coordonné le chapitre agriculture de deux rapports du PNUD : celui sur l’économie verte (2011) et celui sur les fondements écologiques de la sécurité alimentaire (2012). Il a été sélectionné comme participant de haut niveau à la consultation des Nations Unies sur la faim, la sécurité alimentaire et la nutrition dans le cadre du programme de développement post 2015.
  • Arnaud Apoteker, après avoir participé à de nombreuses campagnes de Greenpeace, a développé la campagne anti-OGM en France, qui est devenue ensuite l’une des actions prioritaires de Greenpeace France. Il a été en charge de la campagne OGM pour le groupe Verts/ALE du Parlement Européen. Il est auteur de l’ouvrage Du poisson dans les fraises, Notre alimentation manipulée, Paris, la Découverte, avril 1999.
  • Valerie Cabanes est juriste en droit international avec une expertise en droit humanitaire et droit international des droits de l’homme. Elle est consultante et formatrice en sécurité des personnes et dans le champ de la santé et du social. Elle est la porte-parole du mouvement citoyen mondial End Ecocide on Earth « Arrêtons l’écocide sur terre » qui vise à ajouter l’écocide à la liste des crimes internationaux les plus graves.
  • Ronnie Cummins est le directeur international de l’Organic Consumers Association aux Etats-Unis et de sa filiale mexicaine Via Organica. Il est également membre du comité de pilotage de Regeneration International, une ONG internationale visant à enrayer le réchauffement climatique et la pauvreté paysanne. Coordinateur mondial de la campagne “des Millions contre Monsanto”, il a participé au livre Genetically Engineered Food : A self-Defense Guide for consumers.
  • Andre Leu, président de l’IFOAM Organics International et membre fondateur de Regeneration International, est l’auteur du livre The Myths of Safe Pesticides. Il enseigne, participe à des conférences, des séminaires et des groupes de travail aussi bien qu’à des événements des Nations Unies. Il possède un savoir encyclopédique sur l’agriculture et les systèmes environnementaux à travers l’Asie, les Amériques, l’Afrique et l’Océanie. Il a publié dans de nombreux médias.

Les autres membres du comité d’organisation (par ordre alphabétique) :

  • Tjerk Dalhuisen, secrétaire de Action for Solidarity Environment Equality and Diversity
  • Luigi D’Andrea, secrétaire exécutif de Stop OGM Suisse
  • Françoise Boulègue, monteuse pour M2R Films
  • Esther Gerber, biologiste et membre du Forum Civique Européen
  • Benny Haerlin, ancien député européen, coordinateur de la campagne « Save Our Seeds »
  • Hannes Lammler, agronome, membre du Forum Civique Européen et militant Falea21-Mali
  • René Lehnherr, spécialiste nouvelles technologies, membre du Forum Civique Européen
  • Gilles Lemaire, membre de la commission écologie et société d’Attac France
  • Michel Pimbert, directeur exécutif du Centre pour l’agroécologie, l’eau et la résilience, Université de Coventry
  • Bessie Schadee, présidente de l’association Network Vital Agriculture and Nutrition et membre du directoire de Gezonde gronden
  • Mindi Schneider, Chercheuse, International Institute of Social Studies, Erasmus University, La Haye
  • Doro Schreier, fondatrice de Netzfrauen
  • Ruchi Shroff, coordinatrice de l’Institut Navdanya
  • François Veillerette, porte-parole de Générations Futures, président du Pesticide Action Network Europe