Le gouvernement de l’Inde a décidé de retarder le lancement de la production d’une espèce d’aubergine génétiquement modifiée, pour attendre que davantage de tests scientifiques soient réalisés sur l’impact des OGM. 

L’Inde a reporté le lancement de son premier légume génétiquement modifié, et le gouvernement a expliqué qu’il avait choisi d’opter pour la prudence et d’attendre qu’il y ait davantage d’études scientifiques sur l’impact de cette nouvelle variété d’aubergine OGM.

« Le moratoire [sur les OGM] sera mis en place jusqu’à ce que tous les tests aient été menés pour satisfaire chacun…même si cela signifie que la production ne sera pas lancée immédiatement » a déclaré le Ministre de l’Environnement de l’Inde, Jairam Ramesh.

En attendant la réalisation de tous ces tests, l’Inde devrait construire un large consensus autour de l’utilisation de la technologie OGM dans l’agriculture d’une manière sécurisée et durable, a-t-il ajouté.

La décision du gouvernement est considérée comme une manœuvre électorale de la part du parti du Congrès qui souhaite renforcer sa base électorale agricole, dont une grande partie est défavorable à l’utilisation des OGM. 

Elle intervient par ailleurs en dépit des fortes pressions exercées par le Ministre de l’Agriculture, Sharad Pawar, qui soutenait l’introduction de l’aubergine génétiquement modifiée dans la production agricole.

Cette décision est également le signe de la position de leader du Congrès dans la coalition actuelle composée d’alliés difficiles tels que le Parti Nationaliste du Congrès de Pawar. Le Congrès et Sharad Pawar, qui contrôle également le portefeuille alimentaire du pays, sont actuellement impliqués dans une querelle politique concernant l’augmentation du prix de la nourriture.

« Le Congrès a reculé d’un pas dans l’espoir d’avancer de deux pays plus tard » a déclaré le commentateur politique Amulya Ganguli.

« Le gouvernement a été très sensible à l’opinion du public et a désamorcé un conflit parmi ses électeurs agriculteurs en prenant cette décision. Cela tient plus de la politique que de raisons scientifiques ».

Cette décision marque également une victoire politique pour Jairam Ramesh, un ministre réformiste en pleine ascension politique, qui a joué un rôle crucial pour nuancer la position de l’Inde sur le changement climatique et parvenir à un accord politique à la conférence de Copenhague de décembre sur le réchauffement climatique.

Jairam Ramesh a conduit des débats publics dans tout le pays pour tester l’approbation de la population pour le projet d’aubergine OGM. 

Une grande majorité de ces rencontres s’est soldée par une opposition marquée à l’idée. La plupart des gouvernements d’Etats non dirigés par le Congrès, dont les principales zones de plantation des aubergines OGM, y était aussi opposée.

« Ils ont tué trois oiseaux d’un seul coup. Ils ont désamorcé la désapprobation du public, ils ont neutralisé l’opposition politique, et ils ont gagné contre Sharad Pawar » a déclaré N. Bhaskara Rao du Centre pour les Etudes Média.

Un groupe du gouvernement avait soutenu l’an dernier l’introduction des aubergines génétiquement modifiées, mais le gouvernement avait déclaré qu’il devait consulter des experts et des agriculteurs avant d’accepter cette recommandation.

« Il est de mon devoir d’adopter une approche prudente, de précaution et basée sur des principes » a déclaré Jairam Ramesh.

La décision pourrait être une opportunité pour les producteurs OGM tels que Monsanto Co qui cherchent à s’implanter sur l’immense marché alimentaire que représente l’Inde, et où la compagnie a des investissements relativement significatifs, notamment en matière de recherche et développement.

« Des craintes très sérieuses ont été émises dans certaines régions sur la possibilité que Monsonto contrôle notre chaîne alimentaire si l’aubergine OGM est approuvée » a déclaré Jairam Ramesh.

Les partisans des cultures OGM affirment que de telles variétés peuvent permettre d’augmenter les ressources alimentaires pour les 1,2 milliards d’habitants en Inde, et protéger les agriculteurs dans la mesure où les cultures OGM sont plus résistantes aux intempéries.

Source : Sandra Besson , Actualites-news-environnement.com, le 10 février 2010