PARIS — Un coup de froid a été jeté mardi sur la culture du maïs OGM MON 810 du semencier américain Monsanto, avec l’avis plutôt réservé émis par le Haut conseil des biotechnologies (HCB) sur cette variété, les ONG écologistes se sentant encouragées à demander son interdiction définitive.

La culture de ce maïs transgénique présente plus d’inconvénients que d’avantages, estime le HCB, une instance indépendante créée cette année par une loi pour éclairer les décisions des politiques.

Le Haut conseil avait été saisi fin septembre par le gouvernement d’une demande concernant l’éventuelle autorisation du MON 810, sous le coup d’une interdiction de culture en France depuis 2008.

Une majorité de membres du Comité économique, éthique et social (CEES) - une des deux composantes du HCB - a considéré que les inconvénients globaux d’une mise en culture du MON 810 l’emportaient sur ses avantages.

Ce maïs transgénique produit un insecticide protégeant les cultures des attaques de pyrale ou de sésamie : un procédé a priori efficace et pratique pour les agriculteurs, qui n’ont ainsi plus besoin de recourir à l’épandage massif de pesticides. Mais cet avantage ne vaut qu’en cas de forte infestation, relativise le HCB.

De plus, il existe des risques de dissémination de la culture du MON 810 et des incertitudes concernant les effets de ce type de culture sur les abeilles et les animaux d’élevage.

Enfin, le HCB pointe le surcoût pour l’agriculteur de l’achat de la semence de MON 810 si la pression des parasites est finalement moins importante que prévu.

De son côté, le Comité scientifique - l’autre composante du HCB - n’a pas noté "d’éléments de risques biologiques que l’on puisse qualifier de majeurs et qui nécessiteraient une nouvelle série de questions ou de mise au point par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Aesa)".

Mais il souligne que certaines questions posées à l’Aesa n’ont pas obtenu de réponse, "du fait de l’absence d’effets majeurs et/ou faute de données suffisantes, que seule l’expérimentation en champ ou en laboratoire permettrait d’obtenir".

Pour les associations de défense de l’environnement, l’affaire est entendue : la culture du MON 810 doit être définitivement interdite.
"Il serait difficile de comprendre et d’admettre que le MON 810 soit à nouveau autorisé, alors même qu’on ne peut pas, scientifiquement, se prononcer sur sa possible toxicité", estime Frédéric Jacquemart, de la fédération France nature environnement (FNE).

La culture du MON 810 est interdite dans cinq autres pays européens (Allemagne, Autriche, Grèce, Hongrie, Luxembourg) qui ont fait jouer la clause de sauvegarde prévue par la législation sur les OGM, souligne de son côté Greenpeace.

Le brevet de ce maïs génétiquement modifié augmente la dépendance des agriculteurs envers les multinationales, alors que de bonnes pratiques comme la rotation des cultures et la lutte biologique permettent de maîtriser les ravageurs, font valoir Les Amis de la terrre et la Confédération paysanne.

"Les agriculteurs français auront-ils un jour le choix de cultiver avec OGM ?", s’interroge de son côté Monsanto, qui estime que les recommandations socio-économiques du HCB sont "complètement éloignées de toute réalité agricole".

Ces recommandations apportent un "éclairage essentiel pour la décision publique", indiquent sobrement les ministères de l’Ecologie, de l’Agriculture et de la Recherche qui plaident pour un renforcement rapide de l’expertise scientifique communautaire.

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Source : Emmanuel Angleys, AFP, 22 décembre 2009