1. Dépèche Reuters

BRUXELLES (Reuters) - L’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) rendra mardi un avis favorable à la culture dans l’UE du maïs OGM MON810, actuellement interdit en France, a-t-on appris auprès de Monsanto et de plusieurs diplomates européens.

Cet avis est une étape décisive du processus de renouvellement de l’autorisation décennale de ce maïs, sur laquelle devra se pencher un comité de spécialistes de la Commission européenne dans les prochaines semaines.
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Le renouvellement de l’autorisation de culture du MON 810 ferait automatiquement tomber la clause de sauvegarde française.

Selon son article 1, cette clause de sauvegarde n’est en effet valide que "jusqu’à ce qu’il ait été statué sur la demande de remise sur le marché de cet organisme".

Lundi soir, alors que l’Efsa n’avait pas encore rendu public cet avis, le géant américain des organismes génétiquement modifiés s’est félicité de la décision des autorités européennes.

"Cette annonce de l’Union européenne démontre un engagement fort pour une prise de décision basée sur la science pour permettre aux agriculteurs de choisir des semences issues des biotechnologies pour leurs exploitations", dit dans un communiqué Jerry Hjelle, un responsable de Monsanto.

Contactée par Reuters, l’association Amis de la Terre a souligné que cette décision ne manquerait pas d’ouvrir une controverse entre les Vingt-Sept et l’Efsa.

"L’Efsa revient à la charge avec un maïs très controversé, que plusieurs Etats membres ont interdit et dont l’impact sanitaire et environnemental est incertain", explique Helen Holder, responsable de campagne au sein de l’ONG. "Ils ont été critiqués unanimement par tous les Etats membres et maintenant ils reviennent et disent que ce maïs ne pose pas de problèmes."

"Il est temps de mettre à la porte les scientifiques de l’Efsa (...) et de placer l’évaluation du risque sous la responsabilité d’une entité véritablement indépendante et performante", a-t-elle ajouté en réaction au informations contenues dans le communiqué émis par Monsanto.

Côté français, on souligne qu’au delà de l’avis favorable de l’Efsa, largement attendu, c’est surtout le détail de l’avis qui sera important.

"Quelles seront les précautions, les modalités de mise en oeuvre ? Et, au delà, que fera la Commission de cet avis ? C’est plutôt cela que nous regarderons", dit un diplomate français.

Il rappelle par ailleurs que Paris se bat avec plusieurs de ses partenaires européens pour que les critères scientifiques, économiques et sociaux soient placés au centre du processus d’autorisation de commercialisation et de mise en culture.

Source : Reuters, par Julien Toyer, avec Jeremy Smith, édité par Gilles Trequesser

2. La réaction de Greenpeace :

France — Bruxelles / Paris, le 30 juin 2009 – Selon l’avis de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA ou AESA) sur l’éventuelle réautorisation du maïs MON810, ce maïs ne présente aucun risque ou problème pour l’environnement et la santé humaine. Pourtant, douze Etats membres, dont la France, ont récemment fait part de leur préoccupation à l’EFSA et six Etats membres en ont interdit la culture sur leurs territoires sur la base d’études scientifiques de haut niveau. Le clash entre la Commission européenne et les Etats membres aura bien lieu.

« Une fois de plus, l’EFSA se voile la face et choisit d’ignorer les preuves scientifiques relatives aux effets négatifs sur l’environnement de ce maïs pesticide. Ceci est d’autant plus grave que la Commission européenne, bien loin d’assurer son rôle de gestionnaire des risques et de prendre en compte l’incertitude scientifique, ne se base que sur l’avis de cette seule agence ! L’avis de l’EFSA est donc un feu vert donné à un conducteur sans permis dans une voiture non assurée... Absurde et dangereux ! » s’indigne Rachel Dujardin, chargée de campagne OGM pour Greenpeace France.

Des scientifiques indépendants ont sérieusement mis en cause la qualité du dossier sur le MON810 soumis par Monsanto, ainsi que le travail d’évaluation de l’EFSA. Lors d’une initiative sans précédent, dix-huit ministres de douze Etats membres ont même adressé à l’autorité une lettre expliquant leurs inquiétudes concernant les impacts du MON810 sur les insectes non ciblés. Rien dans l’avis publié aujourd’hui par l’EFSA ne porte à croire que ces éléments aient été pris en compte.

Lors du Conseil européen de l’environnement de décembre dernier, les ministres avaient par ailleurs appelé à l’unanimité à une réforme des procédures d’autorisation des OGM dans l’Union européenne. Les ministres avaient notamment demandé à ce que les impacts à long terme des OGM sur l’environnement et la santé soient d’avantage pris en compte, comme l’exige d’ailleurs la loi européenne. De son propre aveu, l’EFSA n’est actuellement pas en mesure d’évaluer correctement l’impact environnemental des OGM à long terme,. La Commission européenne lui a donné jusqu’en avril 2010 pour se conformer au cadre légal.

« Comment l’EFSA peut-elle donner un avis positif sur la réautorisation du MON810, alors qu’elle reconnaît elle-même être dans l’incapacité d’évaluer correctement les impacts à long terme des OGM ?, s’interroge Rachel Dujardin. Dans l’attente d’une réforme des procédures d’évaluation, cette prétendue autorité doit arrêter de donner des avis sur des plantes transgéniques et la Commission doit cesser de les autoriser ! »

Greenpeace appelle la Commission européenne à prendre en compte les preuves scientifiques relatives aux impacts environnementaux et socio-économiques du MON810. Aucun OGM ne devrait être autorisé tant que leur système d’évaluation n’a été entièrement revu et que l‘EFSA est dans l’incapacité d’en évaluer correctement les risques.

Source : Greenpeace, le 30 juin 2009