C’est hier qu’a été publié le rapport annuel de l’ISAAA (Service International pour l’acquisition d’applications liées aux agro-biotechnologies). Le but et le crédo de cette organisation est de faire la promotion des OGM, de vanter la capacité qu’auraient ces technologies pour résoudre la question de la faim dans le monde et de réduire la pauvreté.

Mais malgré le ton excessivement positif de ce rapport, il est clair que les OGM sont un échec autant dans les champs que sur les marchés internationaux des semences.

Le recul en Europe

Tout d’abord la culture des OGM en plein champ a régressé de 15% en Europe entre 2008 et 2009. Ce recul est très fort en Roumanie, en République Tchèque ou en Slovaquie (une moyenne de 22 à 55% de baisse des terres ensemencées en OGM). Dans le même temps, l’Allemagne et le Luxembourg adoptaient en 2009 une clause de sauvegarde interdisant la culture en plein champ de maïs OGM, rejoignant ainsi la France, la Grèce, l’Autriche et la Hongrie, qui avaient déjà pris une telle mesure.

Au total, les surfaces consacrées à la culture du MON 810, le maïs génétiquement modifié du groupe américain Monsanto, seul OGM autorisé dans l’Union européenne, ont reculé de 11%, passant de 106.737 hectares en 2008 à 94.749 ha en 2009.

Globalement, ce recul est du au refus massif des européens des OGM, hostiles notamment à leur culture en plein champ avec les risques de dissémination et d’effets collatéraux qui y sont associés.

Le prix élevé des semences est également en cause dans cette « dégringolade » des OGM en Europe.

En Chine, en Inde, les aléas du coton BT

En Chine, c’est la culture intensive d’un coton OGM, le coton Bt, qui vient contredire tous les apôtres du miracle OGM. Le coton Bt (qui produit une toxine insecticide synthétisée par le gène d’une bactérie, le Bacillus Thuringiensis, utilisée comme un pesticide) y est cultivé massivement. Et on a pu constater depuis plusieurs années la recrudescence de maladies secondaires comme un virus des feuilles sur ces cultures, obligeant les cultivateurs à utiliser d’autres pesticides.

Ceci entraine un surcoût de production (les semences étant déjà plus onéreuses) pour les cultivateurs de coton Bt par rapport aux cultivateurs « conventionnels ».

En Inde, il en va à peu près de même. Malgré les dires de l’ISAAA, le fameux coton OGM rencontre des difficultés grandissantes avec un déclin marqué de la productivité depuis maintenant 3 ans, la recrudescence d’insectes inconnus jusqu’alors, l’augmentation de l’utilisation de pesticides (augmentation de 25% entre 2006 et 2008).
Au niveau mondial, un succès totalement démenti
Le rapport de l’ISAAA met en avant le fait que 14 millions d’agriculteurs, cultivent des OGM sur une superficie totale de 134 millions d’hectares. Cela signifie en réalité 1,1 % de la totalité des agriculteurs sur la planète,, représentant 2,7% des terres cultivées.

95% de ces cultures sont situés sur uniquement 6 pays (USA, Brésil, Argentine, Canada, Paraguay, Afrique du sud).

Ces OGM, censés nourrir la planète et réduire la pauvreté, sont pour l’heure quasi exclusivement cultivés pour l’alimentation animale et les filières « viande », la fabrication d’agrocarburants, ou l’industrie textile en ce qui concerne le coton.

14 années après leur lancement, les OGM ne semblent pas avoir accompli le miracle tant attendu, tout en ne garantissant pas du tout l’absence de risque sur la santé humaine, et encore moins l’environnement.

Source : Greenpeace France, le 24 février 2010