NLDR : Cet article, tiré d’un journal économique canadien, est un exemple de la propagande des firmes semencières qui prennent avantage de la crise alimentaire mondiale pour relancer leur propagande en annonçant des OGM miracles capables de « résister à la sécheresse » ou de « doubler les rendements ».

Cette propagande n’est pas nouvelle, mais semble une nouvelle fois d’actualité. Alors que des délais minimum de cinq ans sont annoncés pour réaliser ces nouveaux OGM, le courtermisme des marché et la hausse immédiate du cours de l’action semblent des objectifs beaucoup plus réalistes.
Cet article contient aussi des propos d’un représentant de la FAO se prononçant en faveur de l’introduction des OGM dans les pays du sud.
Voir aussi l’article du Monde : Monsanto et les grands semenciers brevètent les gènes d’adaptation au changement climatique

Article.

Les plantes génétiquement modifiées ont toujours été accueillies avec des réactions allant du scepticisme à l’opposition franche, mais les pénuries alimentaires et l’explosion du prix des denrées alimentaires pourraient bien changer la donne.
En Avril, le National Beef Association en Grande Bretagne a appelé l’Union Européenne à mettre un terme à son opposition aux OGM ; Neil Parish, président du Comité pour l’Agriculture du Parlement Européen, a argumenté en faveur d’un relâchement de la législation sur les OGM. Un tel discours au sein de l’UE, qui a adopté une ligne dure depuis les années 90, pourrait paraître surprenant, mais l’ampleur de la crise alimentaire mondiale est un phénomène nouveau. « La crise actuelle va motiver les pays à chercher de nouvelles manières d’augmenter leur production, » selon José Falck-Zepeda, un chercheur de l’ International Food Policy Research Institute à Washington, puis ajoute « les OGM sont une des technologies les plus prometteuses sur ce point ».

Cependant, aujourd’hui les semences biotechnologiques sont conçues pour résister aux herbicides (Roundup Ready) ou aux insectes (technologie Bt). D’après l’International Service for the Acquisition of Agri-Biotech Applications, une association financée par les compagnies de Biotech, les cultivateurs ont planté l’année dernière un total de 282.4 millions d’acres dans quelques 23 pays, soit une augmentation de 12% par rapport à 2006. La surface cultivée devrait doubler pour 2015 d’après les prévisions. La Corée du Sud vient de prendre la décision surprenante d’importer subitement de large quantité de maїs transgénique ce qui a provoqué de large manifestation de la population opposée aux OGM. Le Honduras a aussi annoncé récemment la possibilité d’adopter plus largement les OGM dans son alimentation.

Falck-Zepeda espère voir une hausse de l’utilisation des OGM, mais il reste très circonspect sur ses mots : « appelons ça une potentielle réduction de négativité de perception accumulée contre cette technologie ». Les inquiétudes concernant les droits de propriété intellectuelle et les conséquences sur la santé publique risquent cependant d’être difficilement dépassables en Europe, cependant une nouvelle espèce de colza GM du Canada y est en phase d’évaluation. Le résultat de cette demande de mise sur le marché européen sera révélateur d’un éventuel changement de position. « Nous devons encore passer par le processus politique, ce qui représente toujours un élément aléatoire et imprévisible en Europe » dit JoAnne Buth, présidente du Conseil Canadien pour le Colza.
Une décision de l’UE est attendue dans les six à huit prochains mois, si ce colza était autorisé, le Canada pourrait exporter jusqu’à un million de tonnes par an, soit environ 5% du marché actuel.

Les pays en développement sont ceux qui souffrent le plus de la flambée des prix des denrées alimentaires, mais la première génération d’OGM a été conçue pour les cultures du monde industrialisé. Les plantes résistantes aux herbicides ne sont pas utiles en Afrique, par exemple, car les herbicides y sont très peux utilisés. « Ce sont les prochaines générations de cette technologie transgénique qui viendront offrir aux Africains ce dont ils ont besoin. », nous dit Tom Osborn, du bureau des Ressources Génétiques en Semences et Plantes de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO).

Monsanto déclare travailler à l’élaboration d’un maїs résistant à la sécheresse pour l’Amérique du Nord mais aussi pour les pays en développement, mais il faudrait encore au moins cinq ans avant qu’il ne soit soumis au processus d’homologation. Osborn ajoute que les semences utiles aux fermiers africains, comme le millet ou la cassave, « n’ont pas d’intérêt commercial pour les compagnies semencières », « il risque de couler de l’eau sous les ponts avant qu’ils ne fassent quoi que ce soit concernant les semences qui sont importantes en Afrique et dans le monde en développement. » (ndlr : voir l’article sur l’introduction du coton Bt en Afrique.)

Osborn ne réduit pas le potentiel des OGM, mais il dit qu’il y a des solutions plus immédiate pour remédier à la pénurie alimentaire, ce qui impliquerait de former les agriculteurs dans les pays en développement et d’assurer un plus grand accès aux fertilisants de plus en plus chers. Même Monsanto reconnaît qu’il faudra plus que des solutions technologiques pour résoudre le problème alimentaire. Le porte parole de Monsanto au Canada, Trish Jordan, a récemment déclaré qu’ « il n’y a pas qu’une seule solution. Nous n’allons pas suggérer que l’adoption des biotechnologies serait l’unique façon de sortir de la crise. »

Source : Article traduit du Canadian Business, Canada