Le cas de Michael Taylor, constitue une parfaite illustration du phénomène des « chaises musicales » ou « revolving doors » . Avocat de formation, , Michael Taylor a d’abord travaillé pour la FDA de 1976 à 1980, il participait à la rédaction des documents juridiques concernant la sécurité alimentaire pour le Federal Register, l’équivalent du Journal Officiel de la FDA, où sont publiés tous les textes réglementaires produits par l’agence.

En 1981, il rejoint le cabinet King et Spalding d’Atlanta qui compte parmi ses clients deux pointures pro-OGM : le Comité International des Aliments et de la Biotechnologie (IFBC) et Monsanto. L’IFBC est une organisation qui dépend de l’Institut International des Sciences de la Vie (ILSI), une association de défense et de lobbying en faveur de OGM, qui a notamment ses entrées à la Food and Agriculture Organisation (FAO) ainsi qu’à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). En 1990 M. Taylor a été chargé par l’IFBC de rédiger une proposition juridique sur la manière dont devrait être réglementés les OGM, ce texte sera repris par l’IFBC afin de défendre une politique minimum de régulation auprès de la FAO et de l’OMS. Or, il semblerait que cette proposition de régulation soit très similaire à la directive adopté par la FDA en 1993 autorisant la mise sur le marché des OGM…

Le 17 juillet 1991, il est nommé administrateur adjoint, chargé de la politique de l’agence (Deputy Commissioner for Policy) de la FDA, un poste nouvellement crée et qu’il sera le premier à occuper. Il y restera trois ans, le temps de superviser la rédaction des textes fondamentaux concernant la réglementation de l’hormone de croissance laitière et des OGM. M. Taylor était en charge de la partie juridique et légale de la directive sur les OGM et travaillait en étroite collaboration avec J. Maryanski, qui lui était le coordinateur scientifique du projet de directive. M. Taylor est alors chargé de déterminer les objectifs de la future réglementation alors en cours de rédaction, et de nombreux commentateurs lui attribue la paternité du concept d’équivalence en substance qui a permis d’éviter les tests de toxicologie aux OGM ainsi que l’interdiction d’étiquetage des produits OGM. En 1994, M. Taylor quitte la FDA pour un court passage au Ministère de l’Agriculture Américain, l’USDA, mais il présentera rapidement sa démission pour devenir le vice-président de Monsanto à la fin des années 90 . Cette confusion des casquettes lui vaudra une enquête pour conflit d’intérêt, abandonnée sans plus de poursuite…Tel est le monde des chaises musicales, certains ont assez de places pour ne jamais se retrouver à terre...